Weyborey Ma Farhan (Femmes émancipées)

Empowerment et dialogue intergénérationnel grâce à la vidéo participative

LES DIFFICULTÉS DU MARIAGE PRÉCOCE

L’un des principaux défis dans le contexte de ce programme et de cette région est celui des risques sanitaires associés au mariage des jeunes filles. Il est en effet très fréquent que ces adolescentes subissent un accouchement par obstruction, qui est la conséquence d’un bassin trop petit pour permettre l’accouchement d’un fœtus. Souvent, l’accouchement par obstruction entraîne des fistules et une incontinence urinaire. Ces conséquences peuvent à leur tour entraîner d’autres effets d’ordre sociétal liés à des croyances ou à la désinformation autour d’un sujet qui reste majoritairement tabou dans de nombreuses familles.

"Le mariage précoce est un sujet sur lequel il n'y a pas de communication, surtout de la part des pères qui sont généralement ceux qui ont le plus de pouvoir sur la question" - Issaka, coordinateur, Plan International Niger.

Le mariage précoce se traduit également par la privation d’une vie autonome. Il représente l’une des principales raisons d’abandonner l’école, ce qui a pour conséquence de rendre les filles économiquement dépendantes de leur mari et de réduire leur possibilité d’agir de manière autonome. L’objectif du programme de Plan International est de transformer leurs rôles au sein de la communauté, au sein des familles actuelles et futures et de générer un processus d’autonomisation qui mène à la revendication de leur droit d’exprimer leurs propres opinions et de contribuer aux processus de prise de décision.

MISE EN DÉBAT DES REPRÉSENTATIONS TRADITIONNELLES ET AUTONOMISATION

Les positions hiérarchiques rendues plus horizontales au travers de la dynamique de la vidéo participative ont permis aux jeunes filles de poser des questions aux chefs traditionnels. Cela a montré à la communauté que les filles ont un énorme potentiel d’apprentissage, qu’elles réussissent dans d’autres domaines que ceux qui leur sont traditionnellement assignés.

"Il n'est pas fréquent de voir une fille ou même une femme adulte s'adresser à un imam ou à un chef de village. Mais cela a été fait grâce à la vidéo participative. Nous avons découvert que c'est possible"- Ramatou, Chef de programme, Plan International Niger

La situation exige un vaste processus de communication et de sensibilisation à un niveau multidimensionnel, impliquant les jeunes filles et garçons, leurs familles, et les autorités religieuses de la communauté qui jouent un rôle clé dans la dynamique entourant le mariage précoce. Lorsqu’un imam, l’autorité religieuse de la communauté, déclare qu’une fille doit se marier à partir de 18 ans au lieu de 13 ans, cela peut avoir un impact important sur la conception de l’âge approprié pour se marier et par conséquent sur la pratique même du mariage précoce. Une prise de conscience généralisée, associée à l’acquisition de compétences permettant de mener une vie autonome, à des possibilités d’éducation et d’emploi, peut constituer le moteur d’un changement progressif mais durablement transformateur.

LA VIDÉO PARTICIPATIVE, UN PROCESSUS D'ÉVALUATION ENDOGÈNE

Avec la vidéo participative, la réalité apparaît telle qu’elle est, il n’y a pas de filtre. Les facilitateurs stimulent les processus d’expression de soi et de dialogue à travers différentes méthodes, tout en transmettant les savoirs faire techniques fondamentaux de façon ludique. Tout le long du processus, les participants sont les agents actifs de l’autoproduction collective et choisissent délibérément comment se présenter et se représenter et ce qu’ils veulent montrer à leurs communautés. Dans ce projet, le matériel audiovisuel montre d’une part comment la question du mariage précoce est vécue et pensée par les filles et leurs communautés, produisant une perspective sur la dynamique sociale et les processus sous-jacents du mariage précoce directement à partir des agents qui habitent ce même environnement. D’autre part, les autoreprésentations rendues visibles par la vidéo participative soulignent les transformations en cours au sein de la communauté et l’étendue de l’intervention du programme en révélant autant ses réussites que les points à travailler ou sur lesquels on peut s’appuyer dans le futur. En outre, en raison de la nature endogène du processus d’évaluation, l’échange d’informations et de connaissances est plus fiable et les données qualitatives plus solides.

"Quand un journaliste ou un enquêteur vient interviewer des personnalités de la communauté et leur demander leur avis, ils reçoivent les réponses qu'ils veulent entendre. Mais quand les questions sont posées par les filles du village elles-mêmes, ils ne peuvent pas dire des choses qui ne sont pas vraies" - Ramatou, Chef de programme, Plan International Niger

DIALOGUE INTERGÉNÉRATIONNEL PROMU PAR LA VIDÉO PARTICIPATIVE

Au delà des rencontres et du dialogue engagé dans la communauté autour de la problématique à l’occasion du travaille des jeunes filles au cours du processus, le cycle de projections communautaires du film final réalisé par celles-ci dans différents villages engendre une nouvelles strate de dialogue. Cela en croisant les acteurs de ces différents villages présent dans le film, et d’autres présent lors des projections, autour d’un même débat. Le film participatif transmet les points de vue et les positions des jeunes filles appartenant à la communauté et se présente comme une amplification de leurs voix, de leurs besoins et de leurs aspirations. Le film participatif reflète également les communautés elles-mêmes, les points de vue des autorités traditionnelles et, dans certains cas, les divergences existant entre elles et les jeunes filles. La visualisation produit des effets et des réactions aux niveaux communautaire et individuel qui sont visibles dans les commentaires et les discours qui émergent pendant les projections et mène à des initiatives collectives de résolution des problèmes.

" Dans le cadre du projet avec plan international, nous accordons une extrême importance au dialogue intergénérationnel sans pouvoir jusqu'ici véritablement faire dialoguer ces jeunes filles avec leurs aînés sur ces questions encore relativement taboues. Et cela s'est fait à travers la vidéo participative" - Ramatou, Chef de programme, Plan International Niger

PARTENAIRES

ONG Plan International Belgique & Plan International Niger

Photographies / Vidéos ©2019 Federico Varrasso / Plan International Belgique

ANNÉES

2018 – 2019

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